Pérou: randonnée chez les Q'eros. (3)
Voici la suite de la randonnée, bonne lecture.
Jour 2 (suite)
Nous repartons alors. De l’autre côté du vallon, nous voyons la lagune Catacocha dont la couleur émeraude apaisera mes douleurs passées. Sur notre droite, le glacier sacré des Q’eros, qui culmine à 5248 mètres, dévoilera peu à peu sa robe blanche. Avec un paysage de cette nature, rien ne semble être suffisant pour arrêter le voyage, à part peut être un maté de coca bienvenue.
À partir de ce moment-là, la brume va nous jouer des tours. Rémi, devant (comme à son habitude), prend la route la plus rapide afin d’arriver au point prévu dans notre guide. Laurent, Céline et moi étant derrière, nous le suivons du regard. Un nuage épais suffit pour que le jeu devienne alors un peu plus « intéressant ». L’ayant vu le dernier, j’essaye de conseiller le chemin à prendre sans être bien sûr de moi. Après s’être mis tous les trois d’accord, nous poursuivons notre route jusqu’à en douter. Faire marche arrière ou continuer : la seconde solution nous semble la meilleure. Totalement désorientés, nous commençons à crier le prénom de Rémi qui nous répond heureusement assez rapidement. Sa voix se fait entendre en contrebas, nous avions pris le mauvais chemin mais nous n’étions pas si loin. Conclusion : se méfier de la brume.
La boussole guide nos pas.
Les ¾ du chemin sont effectués. Le sol, imbibé d’eau, est une vraie patinoire malgré les chaussures de marche. Le brouillard se fait de plus en plus épais, même si parfois il nous laisse voir le paysage qui semble se trouver à une distance difficilement calculable. Notre destination : un village d’une soixantaine de maisons : Qocha Moqo.
Après une heure de marche, où les pierres sont des maisons et les lamas des personnes, une silhouette humaine se dessine enfin dans la brume. Nous demandons alors où se trouve le village. Nous sommes alors surpris de voir que nous sommes en plein milieu du village. Vision surréaliste d’un village perdu, à 4250m, dans une brume perpétuelle qui remonte de la jungle.
Nous commençons alors à chercher la famille Q’eros qui est conseillée dans le guide. Ceux qui pourraient nous héberger. Les échanges sont difficiles car le quechua est la langue maternelle dans ces communautés. Connaître quelques mots nous permet de lier un contact amusé et d’ainsi mettre un pied amical et respectueux dans leur monde.
Un accueil simple et chaleureux.
La maison de Modesto Machacca et de Julia Silia se trouve à quelques pas de nous. Le premier contact se fait avec l’enfant de 6 ans, Cristobal, qui nous lance un « jamui » (« vient ») comme première invitation dans cette communauté. Le confort le plus simple nous accompagne lors de notre séjour d’une nuit dans cette petite maison typique en pierre et toit de chaume. La patate, seul légume cultivé sous cette altitude et ces conditions, fait, bien entendu, partie de notre repas. La famille se demande alors comment nous les connaissons. Nous leur montrons alors leurs noms inscrits dans le guide que nous avons. Peu à peu il se rappelle d’un français qui était venu ici il y a trois ans. Il marchait avec un petit sac et voyageait sans nourriture. Nous comprenons alors les temps indiqués sur notre guide, qui parfois sont un peu optimiste pour notre petit groupe improvisé de randonneurs.
Après nous avoir montré quelques tissus, travail artisanal de nombreuses communautés autour de Cusco, l’un des membres de la famille nous propose de couper les cheveux d’une petite fille de 2 ans. Tradition des Andes consistant à couper, pour la première fois, les cheveux d’un petit enfant. Tel un baptême, c’est une étape de la vie de l’enfant. Nous ferons ceci le lendemain au grand plaisir de notre ami.
Après un repas rapide, où nous partageons quelques unes de nos réserves de fromages, gâteaux secs…, nous entrons dans nos sacs de couchage et nous commençons à dormir lourdement sur une paillasse accueillante.
Voici les liens pour les premières parties de cette randonnée: