Pérou: les tissus des Q'eros.
Les tissus parlent et racontent une histoire.
Une partie de la mémoire des Andes se trouve dans les tissus de Cusco. En effet, chaque pictogramme à une signification.
Les groupes ethniques appelés Q’eros de la région de Cusco sont restés jusqu’à nos jours, et d’une certaine manière, isolés dans leurs vallées. Cela ne signifie pas qu’ils n’ont pas eu de contact avec l’extérieur, car ils ont eu besoin de troquer leurs produits pour d’autres nécessaires à leur survie.
Ils ne profitent pas des routes mais, ils communiquent pour autant à pied ou avec leurs bêtes, de plus le peu de propriétaires de la zone leur interdisaient à assister à l’école et à se présenter au service militaire. Dans les villages, il n’y avait ni messe, ni magasin, ni commerçant, et toutes les transactions se faisaient à partir du troc de leurs produits agricoles et de la laine de leurs troupeaux d’alpagas, de lamas et de moutons.
Cette situation particulière a permis la conservation d’un système pictographique qui s’exprime à travers leurs tissus, le textile.
Quels sont les motifs principaux des tissus Q’eros ?
Selon Gail Silverman, qui s’est consacrée depuis une vingtaine d’années aux textiles de Cusco, les Q’eros utilisent les pictogrammes pour montrer leurs connaissances culturelles. Deux motifs principaux sont appelés inti (soleil en quechua) et ch’unchu (Inkarrí, mythe sur lequel nous reviendrons). Ils se réfèrent à leurs connaissances cosmogoniques, c’est à dire à leur théorie de la formation de l’Univers. Ensuite, vient un troisième pictogramme appelé liste qui classe les objets en fonction de leurs couleurs. Ces thèmes sont propres aux Q’eros et différents de ceux des autres communautés.
En effet, la technique des Q’eros est d’utiliser deux couleurs contrastes comme le rouge et le noir en plus du blanc, et, une chose importante, le dessin apparaît d’un coté comme de l’autre du textile. Donc, les trois couleurs et le dessin sur les deux cotés du textile font la particularité du tissu des Q’eros.
En ce qui concerne le soleil, les Q’eros se différencient dans leurs textiles en signalant deux soleils pour le lever et deux autres pour le coucher, ceux-ci sont en relation avec le mouvement du soleil. Dans leurs mantas, textile porté par les femmes, ils mettent une paire de soleil à l’est et deux pour le coucher de soleil, ils marquent ainsi les saisons et la venue de la période pour planter et récolter.
Dans ce symbolisme de leurs connaissances il y a encore plus d’informations en relation avec le ciel et les étoiles.
De plus, à travers les couleurs et la grosseur des fils et des franges, les Q’eros classent les types de mais, de pomme de terre, mais aussi les lacs, les sols et les terres, et sont la base de la classification des objets, des produits agricoles et des animaux.
Les textiles des Q’eros sont donc les archives de leurs connaissances avec plus de 50 motifs qu’eux seuls savent interpréter et lire.
Voici quelques photos d'un poncho et de ma randonnée ches les Q'eros: Tissus Q'eros